Construire des ponts: L’importance du bureau extérieur pour le travail de la CPI en Côte d’Ivoire

Ali Ouattara, président de la Coalition ivoirienne pour la CPI. © CICC

Ali Ouattara, président de la Coalition ivoirienne pour la CPI. © CICC

L’ouverture d’un bureau extérieur en Côte d’Ivoire il y a moins de trois ans, a permis à la CPI de faire entendre sa voix dans le pays et d’interagir directement avec les communautés locales, écrit Ali Ouattara, le président de la Coalition ivoirienne pour la CPI.

Appel à l’aide internationale après une décennie de violence

Suite au soulèvement armé de septembre 2002, la Côte d’Ivoire a souffert d’une profonde crise qui a atteint son paroxysme avec les violences postélectorales de novembre 2010. 

Durant près d’une décennie, les belligérants ont commis de graves violations des droits de l’homme à l’encontre des civils partout dans le pays. Certains constituent des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. 

Pour garantir que ces crimes ne demeurent pas impunis, les gouvernements successifs ont d’abord accepté la compétence de la CPI pour finalement ratifier le Statut de Rome en février 2013, devenant ainsi un membre de la Cour à part entière.

Les mandats d’arrêt perçus comme incarnant la « justice des vainqueurs »

Après avoir mené une enquête dans le pays, en 2011 la Cour a émis trois mandats d’arrêt à l’encontre de l’ancien président Laurent Gbagbo, de son épouse Simone Ehivet Gbagbo, et de Charles Blé Goudé, l’ancien chef de la milice connue sous le nom de « Jeunes patriotes ». Les mandats d’arrêt à l’encontre de Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été émis sous scellés.

Laurent Gbagbo, l’ancien président de Côte d’Ivoire, comparait devant les juges de la CPI. © AP

Laurent Gbagbo, l’ancien président de Côte d’Ivoire, comparait devant les juges de la CPI. © AP

Si la Côte d’Ivoire s’est montrée coopérative avec la Cour en livrant Laurent Gbagbo et Blé Goudé à La Haye, il en va autrement concernant Simone Gbagbo. La Cour attend toujours le transfert de l’ancienne première dame, même si les autorités ivoiriennes se déclarent compétentes à la juger en Côte d’Ivoire.

La CPI a fait l’objet de nombreuses critiques tant au niveau international que national dans la mesure où tous les mandats d’arrêt on été émis  à l’encontre de suspects pro-Gbagbo.

Pour beaucoup, ce processus incarne la justice des vainqueurs. Par soucis d’équité, certains observateurs attendent de voir quels partisans de Ouattara seront traduits devant la CPI, étant donné que la Cour a clairement établi que toutes les parties au conflit  feraient face à la justice. 

Les victimes des violences postélectorales espèrent toujours que la Cour leur rendra justice afin de pouvoir reconstruire leur vie. La plupart d’entre elles souhaitent participer aux procédures de la CPI. 

La sensibilisation construit des ponts  

Afin de soutenir les efforts de la Cour et d’accroître la compréhension de son fonctionnement parmi la population ivoirienne, de sérieux efforts de sensibilisation ont été menés par le bureau extérieur de la CPI dans le pays, en collaboration avec des organisations de la société civile locales, telles que la Coalition ivoirienne pour la CPI. 

Le bureau a pu établir des contacts réguliers avec les autorités ivoiriennes, ainsi que des échanges permanents avec les représentations diplomatiques, la société civile, les victimes et leurs familles. 

Des ateliers et des sessions de formation ont été organisés, grâce auxquels le public en général et des groupes plus spécifiques tels que les médias, ont pu développer une meilleure compréhension des activités de la CPI et suivre les développements des différentes affaires devant la Cour. 

Cependant de nombreux défis restent à surmonter sur le terrain. 

La CPI doit encore adopter une approche proactive vis-à-vis de la population en intensifiant ses activités de communication et de sensibilisation afin de combattre les informations erronées qui ternissent son image. 

La Cour doit également étendre ses activités de formation aux victimes et améliorer l’efficacité de son administration de la justice. 

De telles activités requièrent des ressources financières et matérielles adéquates. Afin de gagner ce combat en Côte d’Ivoire, il est nécessaire que les États parties et les bailleurs soutiennent le bureau extérieur de la CPI dans le pays.

La crédibilité et de la Cour et l’état de droit en Côte d’Ivoire dépendent de la capacité de la Cour à répondre et à gérer les attentes des victimes. Investir dans la justice aujourd’hui signifie réaliser d’énormes gains économiques et humains demain. 

Ali Ouattara est le président de la Coalition ivoirienne pour la CPI, l’ancien président d’Amnesty International Côte d’Ivoire, consultant et expert sur la justice internationale. 

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