
Mama Koite Doumbia, présidente de la Coalition malienne pour la CPI. @CICC
Mama Koite Doumbia est la présidente de la Coalition malienne pour la CPI (CM-CPI). Nous l’avons récemment rencontrée afin de discuter de la situation au Mali et du travail de la CM-CPI.
Pouvez-vous décrire la Coalition malienne pour la CPI et ses activités?
«La Coalition malienne pour la CPI (CM-CPI) promeut la ratification universelle du Statut de Rome et cherche à garantir l’équité, l’efficacité et l’indépendance de la CPI.
D’une part, nous plaidons auprès des autorités nationales en faveur de l’adoption et la mise en oeuvre d’une législation facilitant les activités de la Cour au Mali, et d’autre part nous sensibilisons le grand public au mandat de la Cour.
Afin de réaliser son mandat, la CM-CPI collabore étroitement avec un large éventail de partenaires : des organisations des droits de l’homme nationales et internationales, les institutions publiques, les médias, ainsi que le public ».
Quelle est la situation actuelle au Mali?
« Après la grave crise que le pays a traversé en 2012, le Mali est en quête de paix et de réconciliation nationale. Cependant, des groupes armés refusent toujours de libérer le Nord du pays, en particulier la ville de Kidal. Ils restent actifs dans la région de Gao, où les civils et les bâtiments sont toujours pris pour cibles ».
Quelle est ampleur de la quête de justice?
« La justice au Mali est nécessaire afin de protéger les droits fondamentaux et instaurer une paix durable. Il ne peut y avoir de paix sans justice tout comme il ne peut y avoir de développement sans paix ».
Y a-t-il une quelconque connaissance de la CPI? Comment l’enquête de la Cour est-elle perçue ?
« Depuis que les autorités maliennes ont renvoyé la situation sur leur territoire à la CPI en juillet 2012, le Bureau du Procureur (BdP) a mené son enquête et produit un rapport. Il doit désormais identifier les principaux auteurs des crimes les plus graves et demander aux juges de la CPI d’émettre un mandat d’arrêt à leur encontre.
Dans le même temps, le Parlement malien devrai adopter une loi permettant aux tribunaux nationaux de juger les crimes relevant du Statut de Rome ».
Que fait la société civile pour promouvoir la justice?
« Depuis la crise, les ONG ont réclamé la justice lors de manifestations et au sein de nombreuses déclarations.
Elles ont également recensé les victimes et les témoins en vue de faciliter la tache des juges, qui peu à peu reprennent leurs activités dans le Nord du pays. Cependant, étant donné l’ampleur des destructions, cela prendra du temps avant que la reconstruction soit suffisamment avancée pour permettre aux procès d’avoir lieu ».
Que répondez-vous à ceux qui accusent la CPI d’avoir un parti pris contre l’Afrique?
« Les dirigeants africains qui ont ratifié le Statut de Rome de la CPI doivent s’y soumettre. Ils ne peuvent pas choisir de respecter les dispositions qui leur conviennent et refuser de se soumettre à celles qui vont à l’encontre de leurs intérêts.
Ceux qui craignent la CPI ont quelque chose à se reprocher. Ce que nous nous voulons c’est une cour équitable ».
Existe-t-il un problème de violence basée sur le genre ?
« Les femmes sont les premières victimes de la crise malienne. La violence sexuelle et basée sur le genre est un réel problème au Mali, et les femmes sont souvent victimes de viols, privées de liberté ou réduites en l’esclavage sexuel.
Les conventions et traités internationaux et régionaux, et plus particulièrement la résolution 1325 du Conseil de sécurité de lONU sur les droits des femmes, la paix et la sécurité, ne sont pas pleinement respectés.
Aujourd’hui encore, les femmes sont sous-représentées au sein du gouvernement, et ne bénéficient pas des programmes de reconstruction ; les stéréotypes socioculturels entravent toujours la promotion des femmes ».